
Le projet ReCamPrarisk est une recherche communautaire socio-anthropologique sur les représentations visuelles, les discours et les pratiques dites à risques au Sud Cameroun. Mis en œuvre par le Site ANRS MIE Cameroun sur une période de trois ans dans les localités de Kribi, Campo et Bipindi, il fait partie des neuf projets du consortium AFRICAM*.
Le projet a quatre objectifs : Identifier et déterminer les pratiques à risque par les communautés ; débattre de ces pratiques en utilisant des supports visuels et sonores ; recueillir les représentations, les perceptions et les discours sur les pratiques à risque ; reconstruire en communauté des propositions et solutions des pratiques moins dites à risque ; sensibiliser et valoriser au travers d’une exposition photo les clichés qui seront réalisés au cours de ce projet.
L’implémentation de ce projet rentre dans la mise en œuvre d’une activité de la première composante de PREZODE AFRICAM, qui est d’identifier et mitiger les risques infectieux émergents liés aux aspects sociaux. Cette implémentation passe par plusieurs étapes. La première étape consiste en l’organisation des rencontres avec les autorités et les membres de la communauté pour introduire le projet. La seconde étape est l’organisation des formations avec pour objectif de préparer les acteurs communautaires aux méthodes de collecte de données. Ensuite, un suivi sera mis sur pied et se concrétisera par l’organisation d’un atelier de suivi pour ajuster les pratiques de collecte. En quatrième lieu, il s’agira d’organiser des discussions autour des images prises en communauté. La cinquième étape consistera à la construction des outils de sensibilisation en collaboration avec les membres de la communauté. La restitution des résultats finaux grâce à une exposition photos constitue la dernière étape.
Dans ce projet de recherche, l’équipe a choisi le photovoice comme méthode. C’est une méthode qualitative de collecte de données qui implique les acteurs communautaires dans la recherche. Par ailleurs, c’est une méthode qui utilise les photos et les vidéos des pratiques des acteurs communautaires, ce qui rapproche davantage les chercheurs de l’expérience quotidienne de ces acteurs. En effet, la communauté est impliquée dans la collecte de données et la co-construction des outils puisque ce sont les acteurs communautaires qui prennent les photos et les vidéos, présentant de ce fait certains aspects de leur environnement et de leur vie quotidienne en lien avec les activités qu’ils mènent. Et par la suite, ces acteurs communautaires participent aux séances de discussion pour identifier les pratiques à risque et élaborer les solutions.
A la fin du projet, il est attendu qu’avec la participation des membres de la communauté, les pratiques à risque soient identifiées dans leurs activités quotidiennes et que les outils qui seront élaborés avec leur participation puissent véhiculer les messages qui permettront de promouvoir et de faire adopter les bonnes pratiques. L’impact escompté en matière de changement de comportement est grand puisqu’il sera la résultante de la forte implication de la communauté du début à la fin du projet, de l’identification des problèmes à l’élaboration des solutions.
*AFRICAM est un consortium IRD–CIRAD–AFD qui a sélectionné 5 pays, Cameroun, Cambodge, Guinée, Madagascar et Sénégal . AFRICAM a pour finalité de contribuer à la réduction du risque d’émergence de pathogènes zoonotiques à potentiel épidémique. L’objectif général est d’appuyer et de renforcer la mise en place de solutions de prévention durables et adaptées aux contextes locaux et de changements environnementaux, climatiques et sociaux.
Cédric NOUMBISSIE